Les Français ont l’ESTA USA, les Américains auront bientôt l’ETIAS !

Pour les Français, l’obtention de l’ESTA USA est synonyme d’une épopée inoubliable au cœur du Pays de l’Oncle Sam, que ce soit pour un trek dans les grands canyons, pour des virées urbaines à Los Angeles, pour les plaisirs balnéaires de la côte Pacifique ou encore pour des veillées musicales bluesy du côté de la Louisiane. L’ESTA USA vous emmènera là où tout est plus grand, tout est plus large, tout est plus… exacerbé.

Les Français adorent les Etats-Unis. Ils sont plus de 1,76 million à s’y rendre chaque année. Vous pensez sans doute qu’il est un peu injuste de devoir souscrire à l’ESTA USA pour visiter les Etats-Unis, alors que les Américains peuvent venir en France sans formalités particulières. C’est aussi l’avis de l’UE, qui lance l’ETIAS !

C’est quoi, cette histoire d’ESTA USA ?

Si vous ne vous êtes jamais rendu aux Etats-Unis pour un court séjour (ou si votre dernière visite remonte à avant 2009), vous n’êtes sans doute pas familier avec l’ESTA USA. Il s’agit d’un système instauré par les Etats-Unis pour un meilleur contrôle des frontières du pays, en réponse au changement du contexte sécuritaire après les attentats du 11 septembre.

Autrefois, au temps où tout était plus simple, les Français pouvaient se rendre aux Etats-Unis pour le tourisme ou un court séjour d’affaires (jusqu’à 3 mois) sans formalités administratives particulières. Il suffisait d’avoir un passeport valide pour fouler le sol américain. La France fait partie de la liste des pays considérés à « faible risque » par le gouvernement américain.

Ça, c’était en 1986, soit l’année où le Congrès américain a adopté le Visa Waiver Program (VWP) ou Programme d’exemption de visas pour certains ressortissants étrangers souhaitant se rendre aux Etats-Unis pour de courts séjours touristiques, des voyages d’affaires de moins de trois mois ou encore pour transiter via un aéroport américain pour se rendre ailleurs. Le privilège a duré jusqu’en 2008, l’année où le gouvernement américain a « corrigé » le tir avec l’ESTA USA, pour mieux maîtriser ses frontières et filtrer les arrivants en amont.

En instaurant l’ESTA USA, l’administration américaine souhaitait comparer systématiquement les données saisies par les candidats à un séjour sur son territoire avec les différentes bases de données collectées par les départements d’Etat concernés. L’autorisation ESTA USA est donc venue « renforcer » le Programme d’exemption de visa, jugé trop laxiste, notamment par les Républicains. En 2019, plus de 1,76 million de Français se sont rendus aux Etats-Unis par le biais de l’autorisation ESTA USA.

L’ETIAS : la réponse du berger à la bergère… 35 ans plus tard

L’Union européenne, qui a longtemps reproché au partenaire américain son non-respect du principe « diplomatique » de la réciprocité, se dirige vers la mise en place d’un mécanisme similaire. Rappelons que les Américains peuvent aujourd’hui se rendre dans les pays de l’UE sans aucune formalité administrative.

La Commission européenne s’apprête en effet à mettre en place un système d’information et d’autorisation concernant les voyages. Baptisée ETIAS (pour « European Travel Information and Authorisation System »), la procédure a été validée le 25 avril 2019 par les ambassadeurs auprès de l’UE. Son règlement doit à présent être soumis au Parlement européen pour un vote en première lecture, puis au Conseil pour adoption, ce qui devrait être une formalité.

L’ETIAS, créé sur le modèle de l’ESTA Américain, vise à protéger les frontières extérieures de l’UE, et permettra ainsi aux autorités d’identifier les personnes susceptibles de présenter un risque, avant même leur arrivée. Le système contribuera aussi à renforcer la sécurité intérieure, à prévenir l’immigration illégale et enfin à réduire les temps d’attente aux frontières.

Dès son entrée en vigueur, l’ETIAS concernera plus de 30 millions de voyageurs étrangers (tourisme, business, raisons médicales et transit) provenant de 62 pays hors UE qui sont chaque année exemptés de visa lorsqu’ils visitent les pays de l’Espace Schengen pour une durée maximale de 90 jours. Ils devront bientôt obtenir une autorisation de voyage avant leur déplacement via une application en ligne facturée 7 euros par adulte (cette application sera gratuite pour les mineurs).

L’ETIAS sera valable trois ans ou jusqu’à l’expiration du passeport enregistré lors de la demande. A noter que les voyageurs en possession d’un visa Schengen valide n’auront pas besoin d’une autorisation ETIAS.